Monsieur Ouédraogo Brahima est un infirmier d’Etat affecté à la Maison d’arrêt et de correction de Koudougou (Mack) depuis mars 2024. Il est également le chef de poste de l’infirmerie de la Mack. Avec votre journal en Ligne « Journal La Paix », il nous explique comment il soigne les détenus tout en veillant à leur hygiène et assainissement. 

Journal La Paix (JLP) : Dîtes-nous en quoi consiste votre travail à l’infirmerie au sein de la Mack ?

Ouédraogo Brahima (OB) : Mon travail à l’infirmerie consiste à prendre en charge les détenus, à prévenir les maladies et aussi promouvoir la santé au sein de la détention à travers des activités d’hygiène et d’assainissement, de sensibilisation et bien d’autres.

JLP : La prise en charge sanitaire est-elle gratuite pour les détenus ?

OB : La prise en charge est actuellement gratuite pour les détenus et supportée par l’Etat. Il y a quelques cas exceptionnels où on peut demander le concours des parents. Surtout les cas qui nécessitent une prise en charge spécialisée. Par exemple un malade qui doit subir l’intervention au niveau du CHR ; on a besoin de l’accompagnement des parents qui peuvent venir l’assister. C’est une contribution, sinon que les frais de la prise en charge et même le transport, jusqu’au niveau du service hospitalier. Tout est pris en compte par l’Etat.

JLP : Est-ce qu’il vous arrive d’avoir des cas d’évacuation ?

OB : Oui, nous avons déjà évacué certains qui ont été pris en charge et sont revenus en bonne santé. Il y a aussi des cas de référence, c’est-à-dire ceux qui ont déjà bénéficiés une consultation. On mène vraiment une investigation de consultation d’un spécialiste ou bien d’un médecin pour son avis pour la prise en charge.

JLP : Comment se déroule l’évacuation d’un détenu au CHR détenu ?

OB : Si nous jugeons que sa prise en charge doit se poursuivre au niveau de l’hôpital alors, nous rédigeons ce qu’on appelle la fiche de référence et d’évacuation. Nous soumettons cela au directeur de la maison d’arrêt ; qui va se charger maintenant de mobiliser les forces de l’ordre, qui vont maintenant nous escorter jusqu’à l’hôpital.  Mais bien avant cela, le service social est aussi informé pour établir une fiche de liaison afin de permettre au service social du CHR d’entreprendre déjà les démarches pour l’exonération.

JLP : Si après cette évacuation le détenu doit être hospitalisé, pour qu’on lui donne des soins que faîtes-vous ?

OB : Pour les cas qu’on a déjà vécu, c’est un détenu qu’on a envoyé pour la garde et des petites courses qui représente la famille. Il y a la sécurité du patient qui est là, mais il y a quelqu’un logiquement pour ses petits soins pour l’achat du produit pour des courses à l’intérieur. Donc il y a un détenu qu’on dépêche pour cela. Mais on est actuellement en pleine négociation avec la hiérarchie, tant côté santé comme côté de la justice, pour avoir des détenus placés spécialement dans ses services là au CHR et au centre médical de Koudougou. Une fois que ses détenus sont placés, alors nous pouvons maintenant à tout moment les contacter, quand on aura un cas de référence ou d’évacuation.

JLP : Quelles sont les maladies ou pathologies que vous avez eu à soigner à la Mack ?

OB : Par période, les pathologies sont les plus courantes ici à la Mack. En période des chaleurs ce sont des dermatoses notamment les furonculoses qui sont les plus courants en plus des autres maladies fébriles. Actuellement, il y a les infections respiratoires aiguës qui sont en première position notamment les pulmonaires, les broncopulmonie et les Rhinopharyngite accompagnés du paludisme en deuxième position. En temps de froid, pour les années antérieures, comme je viens d’arriver je n’ai pas encore passé une période de froid ici. Mais dans les années antérieures, ce que j’ai pu constater, ce sont les infections respiratoires aiguës qui reviennent.

JLP : Vous arrivez à soigner toutes ses maladies ?

OB : Oui, sans souci il y a le minimum. Nous n’avons pas une pharmacie ici en tant que telle, mais un dépôt pharmaceutique, qui n’est pas encore occupé pour le moment. Mais les produits sont disponibles au niveau de l’intendance et on arrive vraiment à soulager bon nombre de nos patients.

JLP : Etes-vous le seul agent soignant ici ?

OB : Je suis aidé dans mes tâches par deux Agents itinérant de santé (AIS) et une accoucheuse auxiliaire en lieu et place d’une sage-femme en cas de grossesse. Car  c’est toujours mieux d’avoir une équipe polyvalente qui puisse apporter de l’aide aux détenus. Celui qui est au dépôt pharmaceutique est un agent de la Garde de sécurité pénitentiaire (GSP) qui a été formé à cet effet n’a pas encore pris officiellement fonction dans son dépôt mais très bientôt ça sera fait.

JLP : Décrivez-nous une journée de votre travail. Dès que vous quittez à la maison le matin vous arrivez ici jusqu’à la descente ?

OB : En tant que chef de poste, ma journée de travail peut différer d’un de mes collègues. Je prends pour mon cas, par exemple. Lorsque j’arrive à la maison d’Arrêt je salue tout le personnel. S’il y a des instances avec le directeur, je passe d’abord là-bas m’entretenir avec lui avant d’arriver à l’infirmerie. Puis après je pars voir le chargé d’accompagner les malades, je vois la liste des malades du jour inscrits si le nombre n’est pas élevé je demande à rentrer en détention pour vérifier s’il n’y a pas de malades cachés quelque part ou bien des malades timides qui ne se sont pas inscrits ou qui refusent de s’inscrire. 

JLP : Comment est-ce que les détenus malades se présentent à vous pour avoir leurs consultations de soins sanitaires ?

OB : Une fois que cette liste est close l’agent de sécurité les convoie jusqu’à l’infirmerie et parmi les détenus il y a un qui est désigné pour accompagner les détenus malades et c’est lui maintenant qui les fait entrer s’il y a des nouveaux nous faisons ce qu’on appelle la visite médicale d’entrée. Elle prend en compte tout ce qui est plainte du jour d’antécédent du malade et c’est une fiche qu’on suit à la lettre jusqu’à déceler d’éventuelles maladies. Le malade se présente à l’entrée de la détention. Ensuite, nous consultons tous ceux qui sont sortis pour la consultation. Nous leur délivrons des ordonnances. Nous leur prodiguons des conseils. Ceux qui sont sortis d’autres pour des pansements on leur rend ce service et après lorsqu’on aura fini la consultation le GSP qui est chargé de convoyer les malades collecte toutes les ordonnances et les enregistre dans un cahier afin de se faire servir au niveau de l’intendance. Une fois que les produits sont à sa disposition il remet à l’intérieur et un appel est fait pour chaque détenu qui doit recevoir ses médicaments avec les posologies biens mentionnées. Il y a toujours des conseils qu’on donne pour les cas de produits qui seront servis et qui doivent être renouvelés. Une fois que le renouvèlement doit se faire, le détenu qui est chargé d’accompagner les patients vient et on rédige des ordonnances de renouvèlement de ces produits-là notamment les antibiotiques et puis il rentre leur donner cela il y a des rendez-vous pour certains patients pour suivre un peu l’évolution de la maladie. Une fois si cela est fait et qu’il y a un cas de référence on l’accompagne avec la sécurité. S’il n’y a pas de cas de référence on rend compte. Il y a de la particularité au cours de la journée par exemple des détenus auront besoin d’une assistance particulière je rends compte au directeur.

JLP : Est-ce que vous rencontrez des difficultés dans votre tâche et comment vous essayer de les résoudre ?

OB : Les difficultés ne manquent pas mais quand une difficulté trouve des solutions je pense que c’est satisfaisant. Les difficultés au départ c’est que l’infirmerie de la Mack c’est un monde à part. Ce n’est pas comme les CSPS en ville ou en périphérie. C’est un autre système de gestion des services de santé à mon niveau, parce qu’on était habitué au système du district où c’est devenu une routine pour nous. Mais une fois à la maison d’arrêt, les choses changent et il faut s’adapter et essayer de communiquer, d’apprendre, de lire à gauche à droite. Pour pouvoir entrer dans le bain, parce qu’il faut s’auto former pour pouvoir être efficace. C’était ma première difficulté principale. Sinon, en termes de collaboration avec les détenus, ou des agents de la sécurité on sympathise bien.

Propos recueillis

Par Sébastien OUEDRAOGO

La Paix

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