L’ Association des retraités de la communication et de l’information du Burkina Faso (ARCI-BF) a dédicacé le Tome II de l’ouvrage « Parcours, souvenirs et témoignages de prisonniers », ce vendredi 13 septembre 2024 à Ouagadougou. C’est un livre qui dresse le portrait d’une vingtaine de pionniers et leur donne la parole pour relater leurs parcours, souvenirs et faire des témoignages dans le domaine.

« Parcours, souvenirs et témoignages de prisonniers » se veut donc une source d’inspiration pour la jeune génération de l’information et de la communication, pour nourrir sa passion et son professionnalisme. Pour cette édition, les doyens concernés sont une vingtaine. Ils sont journalistes, animateurs, techniciens, chauffeurs dans l’univers des médias, tous rompus au professionnalisme et ayant laissé des empreintes dans leurs métiers.

Fidèle Toé, « l’homme dont le franc-parler retient l’attention », et pour qui, la conviction est établie que l’être humain ne doit pas seulement se limiter aux connaissances acquises sur les bancs de l’école, mais aussi et surtout, savoir s’appuyer sur les leçons de la vie. « Je suis allé au noviciat Saint Vincent de Paul de Bobo ; je voulais être religieux, mais ma vocation n’était pas là-bas, Dieu m’ a appelé ailleurs », retient-on des propos de Fidèle Toé, rapportés par le rédacteur en chef de l’ouvrage, le journaliste à la retraite Sita Tarbagdo, présentateur du livre à la cérémonie de dédicace. Ces propos ont été tenus dans une émission de la Radiodiffusion-Télévision du Burkina (RTB), direction régionale de Bobo-Dioulasso (RTB 2), intitulée « Le parcours d’un homme de culture… ». Passionné de culture, Fidèle Toé a donc parfois, de concert avec certains de ses camarades, mis en place plusieurs cadres d’expression culturelle. Fidèle Toé, 80 ans, a également dirigé des radios communautaires et a laissé ses empreintes, aussi bien sur l’échiquier national qu’international.
Sidiki Zoromé a été recruté comme agent de prospection au service des mines et de la géologie dans la capitale économique en 1963.

De la g. vers la d. : Le présentateur Sita Tarbagdo, la représentante du directeur général de la CARFO, le représentant du patron, le représentant du directeur général de la CNSS et le président de l’ARCI-BF, Belibié, Soumaïla Bassolé.

Mais il n’y consacrera que trois années. En effet, en 1966, l’homme qui reçoit les hommages, tombe sur le métier de son rêve : l’animation radio. Il va consacrer 33 ans de sa vie à Radio-Bobo. « En 1963, la nouvelle chaîne de radio Bobo a été inaugurée. Elle émettait en quatre langues, français, mooré, jula, fulfuldé. J’aimais bien suivre les émissions en jula et c’est comme cela qu’est né mon amour pour la radio, alors mon plus grand rêve était de devenir animateur radio. Cette chance me sera donnée en 1966, suite à un test lancé par le directeur de la radio, M. Pierre Barry, pour le recrutement de deux animateurs en langue jula, j’ai été retenu. (…). J’étais d’abord confronté à une difficulté financière, car j’étais moins bien payé par rapport à mon emploi précédent (en allant à la radio, il avait perdu pratiquement la moitié de son salaire). A cela s’ajoutait l’insuffisance de formation sur les techniques d’animation en radio. Toutes ces difficultés ont été surmontées grâce à l’amour du métier », peut-on lire des témoignages de M. Zoromé, avec en mémoire, les nombreuses reconnaissances qu’il recevait de ses auditeurs. Tout comme Fidèle Toé, Sidiki Zoromé est auréolé de distinctions honorifiques.

Ici, Bassirou Sanogo et Pr Serge Théophile Balima (à droite).

« Pour Noaga Basile Baloum, le patriotisme et l’intégrité ne se proclament pas sur les toits, mais se vivent au quotidien. Homme discret, presqu’effacé, mais dans le bon sens, Noaga Basile Baloum fait partie des premiers journalistes ayant fait des études supérieures. S’il a fait une carrière discrète au niveau des Éditions Sidwaya, il va se révéler comme un homme de conviction déterminé à faire triompher la vérité après l’assassinat de Norbert Zongo en 1998 », ouvre Sita Tarbagdo, la page de ce doyen qui a, sur appel du capitaine Thomas Sankara qui venait d’être nommé secrétaire d’Etat à l’information, a relancé le service de l’Agence voltaïque de presse (AVP), devenue aujourd’hui Agence d’information du Burkina (AIB).

« Abdoulaye Cissé ou l’homme à la guitare et du micro », comme on peut lire en titre, braque les projecteurs sur cet instituteur de profession et artiste-musicien de passion, qui a fait les beaux jours de la scène musicale burkinabè, surtout des années 1960 à 1990. Auteur-compositeur, guitariste virtuose et chanteur de renom, le passage de Abdoulaye Cissé à la Radio nationale du Burkina reste aussi gravé dans la mémoire collective, surtout celle des auditeurs et auditrices.

Parmi les invités, Me Halidou Ouédraogo (figure emblématique de la justice et de défense des droits humains) et l’ancienne présidente du Conseil supérieur de la Communication (CSC), Béatrice Damiba.

Daba Sérémé a, lui, été journaliste à radio Mali de 1972 à 1980 et à la Radiodiffusion du Burkina de 1983 à 2003. Rédacteur en chef de la radio nationale, puis chef de station à la radio régionale de l’Ouest à Bobo-Dioulasso, M. Sérémé, chevalier de l’Ordre du mérite, a également dirigé la radio rurale avant de rejoindre l’Agence d’information du Burkina (AIB), d’où il va d’ailleurs prendre sa retraite en fin 2003.

Labdani Raphaël Onadja a passé 18 ans à la tête des centres d’émission. Il a travaillé au service technique de Radio Ouaga, au centre de Gounghin et au centre émetteur Apollinaire Ouoba avant d’être nommé directeur des Centres d’émissions de la radio et de la télévision en 1985. Il a enseigné dans plusieurs écoles de formation professionnelle de l’information, dont l’actuel Institut des sciences et techniques de l’information et de la communication (ISTIC). Il est admis à la retraite le 31 décembre 2003.

Ancien ambassadeur du Burkina à Alger, Bassirou Sanogo est un « journaliste dans l’âme ». « Un livre entier pourrait être consacré à la vie active de Bassirou Sanogo, faite de succès, de reconnaissances, de frustrations et d’une reconstruction qui impose le respect et l’admiration pour une personnalité hautement professionnelle », introduit le présentateur dans ce riche portrait dressé également sur cet ancien collaborateur de Thomas Sankara. Connu pour son goût poussé à la perfection, M. Sanogo, arrivé en journalisme par passion, qu’il a vécu pleinement à travers divers services, a une vie professionnelle bien pleine.

La cérémonie s’est tenue au Centre national de presse Norbert Zongo.

Fondateur et président-directeur général du groupe de presse “Le Pays”, Boureima Jérémie Sigué fait partie du gotha du domaine de l’information. « Journaliste émérite, Boureima Jérémie Sigué est l’un des rares dans la profession à faire l’unanimité autour de lui. Cela est sans doute le fruit d’un style et d’un mode de vie qu’il a adoptés, à savoir l’humilité dans la rigueur », campe M. Tarbagdo avant de citer des propos de ce fondateur d’un des quotidiens privés les plus suivis au Burkina.

« De tous mes tourments, je retiens trois leçons : première leçon, celui qui n’a jamais souffert est indigne du bonheur ; deuxième leçon, ne jalousez jamais quelqu’un dont vous pensez qu’il a réussi et dont vous ignorez tout de l’histoire ; troisième leçon, c’est seulement dans la souffrance qu’on connaît humains », a, comme entre autres leçons de vie, partagé M. Sigué.

Sié Lamoussa Jacob Sou est un administrateur civil devenu journaliste, homme de théâtre, homme de culture, cinéaste, comédien, promoteur de spectacles et promoteur de médias privés. Il est le promoteur de la première chaîne de télévision privée au Burkina. « L’année 1993 marque mon retour au pays et la création de la Société Multimédia. De 1994 à 1999, j’ai mis en chantier la première chaîne de télévision privée au Burkina, à savoir Multi Média TV. Puis suivra Multi Média Radio à Koudougou, Bobo-Dioulasso et Diébougou où elle fut rebaptisée La voix du Sud-ouest de 1997 à 2011 », confie l’homme aux multiples casquettes, Sié Lamoussa Jacob Sou.

Alexis Télésphore Bagré est présenté comme un « homme simplement extraordinaire : vivable, affable, serviable, sans histoires ». « En compagnie de Bagré, on ne s’ennuie guère. Pour ceux qui ne le connaissent pas où qui le connaissent peu, allons ensemble à sa découverte », invite l’orateur Sita Tarbagdo à parcourir le portait dédié à celui-là même qui a assumé plusieurs responsabilités, dont celles de rédacteur en chef, chef de service au sein de la RTB. Alexis Télésphore Bagré, qui fut également maire de la commune de Boussé, est décédé le 7 juin 2024.

Pr Serge Théophile Balima, dont on dit qu’il a « le micro à la chair », est un journaliste qui va se bonifier au fil des années pour s’imposer aujourd’hui comme une référence en matière de communication. « Cet homme réservé, qui consacre actuellement son temps à diffuser son savoir dans plusieurs universités au Burkina Faso et en Afrique, a occupé de hautes fonctions comme celles d’ambassadeur et de ministre », ouvre-t-on sur cette figure qui a consacré une vie à la formation et à la recherche, Pr Serge Théophile Balima.
Jean-Hubert Bazié fait partie de ces doyens dont le mérite a valeur d’inspiration pour la jeune génération. « A 75 ans, Jean-Hubert Bazié est incontestablement l’un des journalistes-écrivains les plus prolifiques de sa génération, avec plusieurs dizaines de publications. Si certains aiment afficher leurs titres de docteur comme un trophée, lui pense que le meilleur affichage du doctorat qu’il a obtenu depuis 1978, se fait dans les salles de formation pour partager ses connaissances », peut-on lire des propos de cet ancien collaborateur de Thomas Sankara, M. Bazié, enseignant également dans des écoles de journalisme, dont l’ISTIC.

« Un homme qui fait l’unanimité », dit-on du doyen Jean-Baptiste Ilboudo. « Nanti du baccalauréat, il se présenta un jour au ministère de l’Information, des postes et Télécommunications, pour se renseigner sur les possibilités de devenir journaliste ; il fut reçu par le directeur de cabinet de M. le ministre. Ce dernier l’informa de l’organisation d’un concours de recrutement d’étudiants à former à Dakar, et lui fit remplir le formulaire de candidature. Il prit part audit concours qu’il réussit avec brio ; il avait été également admis premier au concours de recrutement des inspecteurs en télécommunications. Mais son choix était fait. La suite, on la connaît : pour Jean-Baptiste Ilboudo, le destin ne s’était pas trompé de chemin », introduit-on à son sujet.
Bitiou Germain Nama, « ce travailleur discret, disponible, ayant le sens de la responsabilité, toujours soucieux du travail vite fait et bien fait ». Directeur fondateur, depuis 2001, du bimensuel burkinabè d’investigation « L’Evénement » et président de la Société à responsabilité limitée (SARL) « L’Evénement », puis responsable de la Radio Loudon à Sapouy, dans la province du Ziro, Bitiou Germain Nama est venu au journalisme « suite à la mort du journaliste Norbert Zongo », à qui il fournissait souvent des articles pour son journal “L’Indépendant”.
« Né à Massina, dans la région de Ségou au Mali, Issa Ouédraogo a successivement grandi à Kidal, Diabali, Niono puis Ségou, dans le sillage des mutations d’un père infirmier du Soudan français. C’est à Niono qu’il débute l’école en 1958 avant d’obtenir son certificat d’études primaires dix ans plus tard. Sa passion pour le football a failli mettre fin aux études. Il fut pressenti pour intégrer l’équipe nationale des cadets du Mali en son temps. (…). En juillet 1963, le père décide de retourner en Haute-Volta. Toute sa famille s’installe à Kongoussi. En 1968, Issa Ouédraogo décroche un bulot de magasinier avec la compagnie française des fibres textiles avant de devenir encadreur dans la même compagnie, une année plus tard, avec comme poste d’affectation, Bourzanga. Ainsi commence pour lui une véritable immersion dans le monde rural. Pendant une bonne décennie, il apprend à ratisser la zone située entre Bourzanga et Djibo, en passant par Gaskindé, enseignant les bonnes pratiques agricoles », révèle la présente édition de « Parcours, souvenirs et témoignages de prisonniers » un pan du riche parcours professionnel de Issa Ouédraogo, admis à la retraite le 31 décembre 2002.

Kollo Daniel Sanou est le premier cinéaste indépendant du Burkina Faso et fait partie de la deuxième génération des cinéastes burkinabè à la suite des aînés comme Djim Mamadou Kola et René Bernard Yonli. Avec à son actif plusieurs productions dans le domaine du cinéma, M. Sanou a également servi à la direction de la production audiovisuelle et à la télévision nationale du Burkina.

Yacouba Zerbo, « ce chauffeur au bon cœur », a été intégré à la Fonction publique en 1977. A l’avènement de la révolution, il est affecté à la direction générale de la presse écrite, puis au ministère de la jeunesse et des sports. Revenu ensuite à la direction générale de la presse écrite, aujourd’hui direction générale des éditions Sidwaya, Yacouba Zerbo va y passer toute sa carrière jusqu’à la retraite en décembre 2002. « J’ai fait toute ma carrière sans avoir fait un accident grave, malgré mes multiples voyages sur le terrain avec les journalistes. Je n’ai jamais abîmé un véhicule de service. Quand je voyageais avec les journalistes et les photographes, nous formions une véritable équipe soudée. On dormait et on mangeait ensemble. Lors des tournées marathons à travers la Haute-Volta de Saye Zerbo, des buffets étaient servis à chaque étape, mais les journalistes n’avaient pas le temps de manger, car ils réalisaient des reportages et des interviews. (…). Ça a été des moments inoubliables », témoigne Yacouba Zerbo, confiant avoir commencé avec un salaire de 17 500 FCFA, puis 70 000 FCFA lorsqu’il partait à la retraite en 2002.

Etienne Zoetyanga fut l’un des agents qui ont imprimé leur professionnalisme, abnégation, amour et ardeur au travail à la radio nationale, la radio rurale et à la télévision nationale. « Son souvenir du régime politique sous lequel il s’est senti à l’aise au travail, est celui du général Sangoulé Lamizana, il confie n’avoir pas eu de problèmes très particuliers à l’époque, ainsi que sous les régimes du colonel Saye Zerbo et du Médecin-commandant Jean-Baptiste Ouédraogo », rapporte le livre sur la riche expérience de celui-là, Etienne Zoetyanga, qui a pris sa retraite en 2009.

Marc-André Zoungrana est un journaliste qui a nourri dès l’école primaire, le rêve de devenir journaliste. Rentré au pays après sa formation, il est intégré dans la fonction publique. Il travaille à la direction générale des Éditions Sidwaya, comme rédacteur au journal Carrefour Africain, puis rédacteur en chef. Son parcours a été tumultueux, avec notamment une « affectation arbitraire » qu’il relate dan l’ouvrage. M. Zoungrana qui y confie également avoir refusé une décoration, parce qu’estimant qu’il ne la méritait pas. Il dévoile aussi cette descente, en pleine conférence de rédaction, du capitaine Thomas Sankara, alors Premier ministre du Conseil du salut du peuple (CSP) ; une “visite surprise” qui s’est soldée par des échanges houleux.

Tout comme le Tome I, le Tome II de « Parcours, souvenirs et témoignages de prisonniers », 196 pages, paru chez les Éditions IKS, est simplement un ouvrage à lire. Il est acquérable (tout comme le Tome I) à la somme de 2 000 FCFA, au Centre national de presse Norbert Zongo et auprès du secrétaire général de l’ARCI-BF (au 70 09 43 24).

Cette cérémonie de dédicace qui a mobilisé, outre ces vedettes de l’information et la communication, plusieurs participants, a été placée sous le patronage du ministre d’Etat, ministre de la communication, de la culture, des Arts et du tourisme, porte-parole du gouvernement, Jean Emmanuel Ouédraogo ; le co-parrainage du directeur général de la CARFO (Caisse autonome de retraite des fonctionnaires), Hyacinthe Tamalgo, et le directeur général de la CNSS (Caisse nationale de sécurité sociale), Hermann Yacouba Nacambo.

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By LaPaix

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