Ce jeudi 30 janvier au dimanche 02 février 2025 au palais royal Maasmè de Issouka à Koudougou se sont déroulées les festivités entrant dans le cadre des 20 ans de règne de la chefferie traditionnelle de Naaba Saaga 1er et également la 20è édition de son « Na baasga » ou fête des récoltes. La cérémonie d’ouverture a eu lieu ce samedi 1er février 2025 sous le thème : « Le Bonnet au service des enfants et de la Communauté ». Plusieurs personnalités coutumières, administratives et la population ont pris part à cette fête ; sous le signe de la paix et la cohésion sociale. Voici pour vous l’intégralité du message de Naaba Saaga 1er à l’occasion de ses 20 d’ans de règne.

Déjà 20 ans de marche parmi vous avec la charge de chef traditionnel.  Les ancêtres et Dieu l’ont voulu et avec votre permission j’élève fortement ma voix pour leur dire Merci. Je sais qu’ils sont aux côtés  de notre Dieu unique qui recevra ma reconnaissance.  Mes respects élevés à sa Majesté le Moogho Naaba Baongo, ainsi que tous ses Ministres.  Que tous les autres Dima et Chefs Suprêmes de par le Burkina acceptent ma reconnaissance pour les vingt ans d’accompagnement. Je salue la mémoire du Lallé Naaba Sanem.

Déjà 20 ans que j’apprends à vos côtés à mieux écouter mes  parents et amis proches ou lointains. A écouter vos sages orientations, vos  aspirations. A partager vos rêves.

Dès mon intronisation,  j’ai introduit  pour la première fois cette  fête traditionnelle  de Na Baasga à Koudougou. Les femmes ont été  aussi au cœur de mes orientations culturelles : L’intronisation de la première femme à Issouka,  cheffe traditionnelle en est la preuve.

 Déjà 20 ans que j’ai à mes côtés  les enfants pour leur apprendre à avoir la force  de pouvoir imaginer, jouer, explorer, rester à la lumière de leur culture à travers le Musée RAYIMI, qu’ils visitent régulièrement pour mieux connaitre les us et coutumes qui sont le fondement sur lequel est bâti la vie. La culture joue un rôle capital dans la façon dont les enfants regardent et interprètent le monde.

Et me voilà encore devant vous  aujourd’hui comme tous les ans pour célébrer cette fête de Na –baasga. Je vous salue toutes et tous. Je vous remercie d’avoir répondu à l’appel de la culture, à l’appel de la tradition.

Le bonheur et la dignité de Issouka, de Koudougou et de tout le Burkina était mon unique pensée  en 2005  quand je devenais chef à la suite de mon père, de mon oncle. Ils seront toujours l’objet de mes vœux. Je vous en fais solennellement la promesse.

Comment évoquer les ancêtres sans porter fort dans nos souvenirs, Bassanga premier habitant de cette belle ville, Maurice YAMEOGO le premier Président de ce beau pays, Henri GUISSOU, notre digne fils de Palogo  premier Ambassadeur de la Haute Volta à Paris.

En 20 ans avec les autres chefs de SONGNAAM dont je salue ici la présence et le courage. Nous avons  ensemble lutté pour que la mémoire de ces illustres personnages que sont : BASSANGA, Maurice YAMEOGO et Henri GUISSOU,  qui ont fait la fierté de Koudougou soit magnifiée et respectée.  La Place Maurice YAMEOGO à l’entrée de la ville est transformée en  espace magnifique grâce à l’engagement de nos fils opérateurs économiques que nous saluons et remercions, au passage.

L’association SONGNAAM s’est aussi opposée à la vente d’une partie du Palais de notre premier Président ou  il repose. Ce Palais  demeure en effet un patrimoine pour nos enfants et les enfants de nos enfants et pour l’histoire. Nous exprimons ici notre  grande reconnaissance au Gouvernement qui a classé ce haut lieu en Patrimoine  National. A cet effet, nous avons rencontré de grandes incompréhensions que nous avons ignorées avec la certitude que Maurice soit fier de nous.

 Feu Henri GUISSOU est de PALOGO. Son ancêtre a donné  sa vie pour Koudougou devant le colonisateur. Palogo détient le pouvoir coutumier pour les cultes et sacrifices sur les autels des Tensés de Koudougou. Le 15 mai dernier lors de la journée des traditions nous étions tous témoins.

Nous avons voulu apporté notre contribution  à la résolution des conflits, notamment dans les établissements secondaires et plus précisément à l’Université Norbert ZONGO. C’est le rôle de la chefferie traditionnel.  Avec SONGNAAM  nous  voulons dépasser la Représentation pour être dans l’Action. 

Nous avons aussi appris en 20 ans de chefferie que nous pouvons être  fâchés, nous réconcilier et avancer en préservant les intérêts communs. Aussi,  qu’il faut lutter pour sa vraie indépendance traditionnelle en respectant les autres.

Durant ces 20 ans et avec la population nous avons affronté et lutter contre les maladies aux cotés de tout le personnel de  santé. 

Les Na baasga passés ont été consacrés à la lutte contre le VIH SIDA, la Drépanocytose, le Covid 19 et bien d’autres maladies. Le pays a connu  ces temps difficiles.

Le défi actuel  reste l’insécurité, et ensemble nous sommes en train de renverser la tendance. Nous pleurons toujours nos forces combattantes tombées au front. Nous nous inclinons émus et respectueux devant leurs mémoires. Dieu et nos ancêtres  ne sont jamais du côté du mal, mais toujours du côté de ceux qui sont éprouvés. Ils permettront que tout ce qu’il y a eu de beau dans leur vie puisse porter du fruit dans nos vies. Nous voulons nous accrocher à cette espérance.

Nous voulons opposer au Mal, à sa violence et à sa laideur, la beauté de notre unité pour un Burkina plus fort. Faisons de cette épreuve terrible l’occasion d’un sursaut pour l’avenir. 

Nous luttons toujours avec Koudougou  pour :

  • L’Eau et  l’Environnement

La réfection des barrages  de la ville va permettre un meilleur bien être de  la population, un meilleur épanouissement des iguanes sacrés qui protègent le  le quartier de BASSANGA.  Nous avons eu plusieurs tentatives dans ce sens, et nous sommes confiants que Koudougou aura ces cours d’eau ré aménagés bientôt. Nous lançons ici cet appel fort qui est le cri de cœur de toute la population.

Dans le domaine de la santé, l’hôpital régional manque cruellement de matelas. Nous vous sollicitons 100 matelas pour nos malades qui dorment à même le sol et merci de répondre favorablement à  l’opération appelée « effort pour l’hôpital de Koudougou ». Nous remercions le grand geste  d’un  donateur  qui a offert un bâtiment de  haute qualité à l’hôpital.

  •  Concernant la Communication. Nous remercions le Ministère de nous revenir pour une antenne de la chaine publique à Koudougou pour toute la population. Koudougou s’engage à bien accompagner cette équipe afin que le Maurice YAMEOGO qui eut l’audace de créer la première chaine de télévision dans son pays en Afrique de l’Ouest soit fier.
  • Concernant nos enfants et la tradition

Que la Chefferie traditionnelle et coutumière initie les enfants et la jeunesse à ces pratiques positives de nos aïeuls. Elles regorgent de richesses qui peuvent les orienter  sur le droit chemin. Les enfants  sont avides d’apprendre  aujourd’hui les valeurs de leurs grands-parents. Ils veulent apprendre le sens de l’intégrité, de la liberté et de la dignité.

Ces quatre éléments pris en compte et mis en œuvre,  verront un Issouka heureux, un Koudougou  fort et un Burkina, fier de ses enfants.

En conclusion.

J’ai parlé  de mes 20 ans de chefferie, des enfants, de la Communauté et surtout j’ai lancé un appel à vous tous, sans lesquels nos traditions perdraient de leurs substances. Ne reprenons pas le cours de la vie sans que rien ne change.

Je vous le promets qu’avec l’aide de Dieu et de nos ancêtres nous ferons de grands pas en faveur de la promotion de notre culture.

Je crois en vous et je vous sais capables.

Marchons sur les voies des prochains 20 ans. Dieu voulant.

Je vous remercie.

Livré à Issouka le samedi 1er février 2025

Naaba Saaga 1er

Chef de Issouka

By LaPaix

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